Madère 1998

Quelques remarques sur l’île

Pour ceux qui ne veulent pas de détails touristiques, mais qui s’intéressent uniquement à l’observation des oiseaux, il y a une liste des espèces observées en fin de page.

Décalage horaire : une heure en moins par rapport à la France.

Géographie et climat : Madère est une île très montagneuse au climat fort varié. Il a fait aux environ de 20°C au bord de la mer et 5°C avec du vent et du brouillard en altitude ou même simplement sur le plateau de Paul da Serra. L’île est bordée de beaucoup de falaises rocheuses et il y a très peu de plages de sable. Les fanas de la bronzette côté pile, côté face doivent donc s’abstenir de venir en vacances ici. Comme sur toutes les îles, un côté est plus arrosé que l’autre et la végétation est absolument remarquable : les orchidées, anthuriums, arums, strelezias, figuiers de Barbarie et bambous poussent parfois dans les fossés ou sur le bord des routes. Une visite au Jardin Tropical de Monte s’impose pour voir la flore indigène ainsi que les plantes introduites. Il y a beaucoup de mimosas, quelques araucarias et on peut voir en altitude des pâturages comme dans les Alpes après avoir traversé des forêts de laurier et d’eucalyptus. Plus haut encore, c’est la roche nue. S’il y a autant de belles fleurs, c’est qu’il peut faire chaud, mais également très humide. Les amateurs de fruits se régaleront d’ananas, de mangues, de nèfles et surtout de bananes et d’anones. Ils sont nettement moins chers et meilleurs chez les paysans qui les vendent aux bords des routes et il ne faut surtout pas les acheter au marché de Funchal où on se fait voler. Les paysans sont des gens très industrieux qui cultivent le moindre lopin de terre dans des jardins en terrasses très jolis à voir. Dans l’ensemble, j’ai trouvé les gens extrêmement sympathiques.

Circulation : Il y a peu de panneaux indicatifs et les localités sont parfois très mal signalées. Il n’y a qu’une seule voie rapide, entre Funchal et l’ouest de Ribeira Brava. Une route fait le tour de l’île alors que d’autres traversent les montagnes du Nord au Sud. Elles peuvent être très pentues, très étroites, très tortueuses et parfois jalonnées de tunnels comme entre Seixal et Sao Vicente. Cette voie était en cours d’élargissement et devrait être terminée actuellement. Les gens se garent n’importe où tout simplement parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. En général, ils conduisent prudemment et je n’ai vu qu’un seul chauffard ce qui est peu par rapport à ce qu’on trouve en France. Attention au plein d’essence car certains endroits sont mal desservis et il faut savoir que très peu de stations prennent les cartes de crédit. L’essence est d’ailleurs assez chère. J’ai pour règle de faire le plein dès que le réservoir est à moitié vide. Lors de la prise du véhicule, on paie un plein avec sa carte de crédit au loueur et comme on ne rend jamais la voiture avec un réservoir vide, on se fait un peu arnaquer.

Sites à visiter :

A partir de Funchal, le long de la côte, d’est en ouest :

Funchal. Il est assez difficile de se garer dans la capitale mais il y a quand même quelques parkings le long de la mer où se trouvait le « Vagrant », un 2-mâts qui avait appartenu aux Beatles. Il faut voir la Sé (Cathédrale), la statue de Christophe Colomb et le beau parc municipal fleuri. L’hôtel Raid’s très chic et de couleur rose mérite un petit détour si vous en avez le temps. La Praça Municipio où se trouve la Casa Municipal est également très jolie à voir, ce qui n’est pas le cas du casino. Le marché aux fleurs et aux poissons de Funchal est assez spectaculaire et il ne faut pas manquer les  » espadas « , ces grands poissons noirs que l’on pêche très profondément dans l’océan, mais qui ne sont pas des espadons. Évitez d’y faire vous achats si vous ne voulez pas vous fâcher.
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Eglise Collégiale de Funchal (Diapositive scannée de Gérard Joannès)

Camara de Lobos. Ce petit village de pêche a été immortalisé par Winston Churchill qui venait y peindre. L’endroit est quand même un peu surfait.

Cabo Girao. Cette falaise de 580 m de haut offre une superbe vue sur Funchal.

Ribeira Brava. Une belle église.

Prazeres (au nord de Calheta). La vue sur l’océan est très belle. C’est là que nous étions logés.

Jardim do Mar. Ce petit village assez pauvre mais très propre et on peut y voir une belle petite église construite par les habitants du village.

Paul do Mar. Encore un petit village assez pauvre situé juste au bord de la mer avec un cimetière typique.

Porto Moniz. Au bord de la mer on trouve une piscine creusée naturellement dans les rochers. Je vous recommande le bon restaurant qui donne sur la mer.

Ribeira de Janela. Il y a là un rocher posé sur la mer, creusé d’une fenêtre.

Sao Vicente. Belle église à azulejos.

Santana. Dans le village quelques belles petites maisons à toits de chaume.

Pointe Sao Lourenço. Il faut aller faire la promenade vers le bout de cette presqu’île. Attention, cela grimpe vers la fin.

Centre de l’île :

Monte. Il y a là une église où est enterré Charles I, le dernier empereur autrichien. Cette petite ville, située dans la banlieue nord de Funchal est un endroit rendu célèbre par Sissi qui y a vécu. C’est de ce village que l’on peut prendre les traîneaux en osier nommés « Carro da Ceste » qui vous emmènent jusqu’à Funchal d’où vous pouvez revenir en taxi.
Camacha. C’est le centre de l’osier, pour ceux qui aiment les beaux paniers.
Plateau de Paul da Serra. Ce plateau très venteux, souvent noyé dans le brouillard est très peu peuplé. L’atmosphère y est très particulière et il vaut mieux éviter de s’y promener par mauvais temps, loin de la route, car on peut s’y perdre facilement. Il y a de très belles routes entre Madalena do Mar et Paul da Serra ainsi que dans la région de Ribeiro Frio.
Eira do Serrado. La route qui mène à cet endroit est très escarpée mais de là on a une très belle vue sur Curral das Freiras où la télévision n’a été installée que depuis 1986.
Pico Alto. Un des sommets de l’île.
Pico de Arieiro (1810 m). Au sommet de cet autre pic se trouve une belle pousada d’altitude où on peut boire un bon chocolat chaud. De là, on peut aller à pied jusqu’au Pico Ruivo.
Pico Ruivo. Si vous décidez d’y aller, il vaut mieux partir tôt le matin (8 h 30, ce n’est pas tôt !) quand il fait beau.
Rabaçal. Il y a un peu partout des Levadas, ces canaux d’irrigation le long desquels on peut faire de très agréables promenades. Celui de Rabaçal mène à un endroit où se trouvent 25 sources. Cette Levada est interdite en fin de parcours car le sentier à flanc de montagne est devenu trop dangereux. Attention car la route qui mène à cet endroit est très étroite.
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Une route très spectaculaire (Diapositive scannée de Gérard Joannès)

Le voyage

Nous sommes passés par l’agence de voyages Wasteels qui proposait un circuit de découverte de l’île que nous avons aménagé à notre goût. Nous sommes partis du 7 au 15 avril 1998.

7.4.1998. Départ de Luxembourg par Luxair. L’atterrissage est assez brutal car la piste est pour l’instant encore la plus courte d’Europe pour des avions de la taille de notre Boeing 737-500. Les formalités de récupération de notre Fiat Punto de location à l’aéroport sont un peu laborieuses et il faut être patient. Nous sommes frappés par la beauté des fleurs que l’on voit partout, même à Funchal où il est très difficile de se garer. Nous ne nous attardons pas et passons par Camara de Lobos où l’on voit de nombreux bananiers. Pour ce qui est des oiseaux, quelques Goélands leucophées, un Tournepierre à collier et surtout un Faucon crécerellette. Nous en verrons d’ailleurs un deuxième possible un peu plus loin. Cette espèce est très rare sur l’île mais a été observée dans d’excellentes conditions. Comme nous avons un peu faim, nous achetons des bananes, des anones, des nèfles et du raisin. Un vrai délice. Le soir, nous sommes bien installés à l’hôtel empli de touristes qui sont venus se gaver et se promener en groupes, véhiculés en cars.

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Un marché au fleurs (Diapositive scannée de Gérard Joannès)

8.4.1998. A Prazeres, nous voyons nos premiers Serins des Canaries et nous nous promenons un peu dans la région.

9.4.1998. Visite de Paul do Mar puis nous passons par Ponta do Largo où nous voyons des restes d’incendies de forêt et repérons de-ci de-là quelques maisons avec des tuiles en forme de têtes ou d’oiseaux aux coins des toits. Nous poussons jusqu’à Porto Moniz où nous déjeunons dans un restaurant sympathique, puis c’est la longue montée de Seixal à Sao Vicente. Sur le plateau de Paul da Serra la visibilité est réduite à 20 m à cause du brouillard. On se croirait au Cap Nord ! Nous terminons la journée par une agréable promenade le long d’une levada du coté de Rabaçal.

10.4.1998. Nous nous promenons à Jardim do Mar puis nous assistons en partie à la reconstitution de la Passion du Christ qui est donnée à Ribeira Brava car nous sommes Vendredi Saint et nous sommes dans un pays très catholique. Nous poursuivons jusqu’à la falaise de Cabo Girao d’où nous avons une belle vue sur Funchal que nous visitons un peu plus tard. Pour terminer l’après-midi nous allons Monte par des ruelles très pentues et très tortueuses. Sur le chemin du retour vers l’hôtel nous voyons 5 Tournepierres à collier.

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Tournepierre à collier (Photo Simone Girault)

11.4.1998. Il fait frais ce matin mais heureusement la route entre Madalena do Mar et Paul da Serra est vraiment très belle. A la forêt d’eucalyptus succèdent des pâturages montagnards. Sur le plateau je vois enfin un Pipit de Berthelot. Nous passons près de Pousada dos Vinhaticos pour aller à Eira do Serrado d’où nous avons une belle vue sur Curral das Freiras. Il y a un petit parc naturel au sud de Poiso où nous n’avons cependant rien vu de remarquable. Nous terminons la journée au Pico de Arieiro où nous buvons un chocolat chaud pour nous réchauffer car nous sommes à 1810 m d’altitude au milieu des nappes de brouillard.

12.4.1998. C’est le jour de Pâques et ce n’est pas un jour ordinaire à Madère. Dans le village de Prazeres, j’entends une Caille des blés. Ce jour-là, les églises sont décorées d’orchidées et de strelezias et d’autres fleurs magnifiques encore et les gens vont en procession, pieds nus ou élégamment vêtus, apparemment réunis dans la même foi. Il pleut puis il y a du brouillard en montant sur le plateau de Paul da Serra, ce qui ne m’empêche pas de voir une Bécasse des bois en plein vol. A midi, nous arrivons à Santana où nous avions réservé une chambre à l’hôtel Quinta da Fourhao qui a beaucoup de classe et que nous avons préféré à celui de Prazeres, plus international.

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Santana (Diapositive scannée de Gérard Joannès)

13.4.1998. Aujourd’hui, nous avons décidé de nous promener au bord de la mer. A Machico, nous voyons 6 Sternes pierregarins et loin sur la mer, 2 Puffins boréaux.  La promenade sur la pointe de Sao Lourenço est un « must » sur cette île et même si les derniers mètres sont assez fatigants, on ne le regrette pas car la vue est très belle. Depuis le parking, on peut voir très facilement les Pipits de Berthelot et j’y ai entendu aussi une Caille des blés. Au retour, nous passons par Camacha qui ne présente d’intérêt que pour ceux qui aiment l’osier.

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Sterne pierregarin (Photo Patrick Kern)

14.4.1998. Il fait froid, comme sur le reste de l’Europe. Nous allons au marché couvert de Funchal pour les fruits, les fleurs et le poisson. Nous nous faisons rouler et pour oublier cela nous décidons d’aller voir le Pico Ruivo de plus près. Nous grimpons dans le brouillard et au bout d’une demi-heure nous sommes trempés. Inutile d’aller plus loin, nous ne verrons rien. Nous redescendons et faisons un petit tour dans le parc naturel situé au nord de Funchal. Le coin est joli mais je n’y vois rien de bien intéressant.

15.4.1998. C’est le jour du départ et j’ai encore la chance de voir un Moineau espagnol avant de partir. Le retour se passe calmement, sous la pluie qui n’arrête pas de tomber.

Résumé ornithologique

Madère est une île montagneuse située au large du Maroc qui mérite un petit séjour pour qui se passionne pour les oiseaux mais aussi la botanique. On peut y voir de nombreuses fleurs exotiques, qui remplacent d’ailleurs souvent la flore originelle. Pour ce qui est de l’avifaune, comme c’est souvent le cas pour les îles, le nombre d’espèces est nettement plus limité. Je m’attendais à voir de nombreux laridés car les côtes sont très rocheuses et il y a de nombreuses falaises, mais je me suis trompé. Cela n’a pas été le cas. En revanche, il n’y a presque pas de plages de sable ce qui peut expliquer le nombre réduit de limicoles que j’ai vus.

Le goéland le plus fréquent et le Goéland leucophée. J’y ai vu également quelques Sternes pierregarins, mais vraiment très peu. Je pense qu’il y a des espèces très intéressantes aux îles Salvagen (Sauvages) ou aux îles Desertas situées plus au large où l’on doit pouvoir voir des espèces rares comme le Pétrel de Bulwer par exemple. Le Pétrel de Madère niche paraît-il sur Madère même, mais je n’ai pas eu le plaisir de faire sa rencontre. J’ai bien vu les quelques rares réserves de l’île mais je n’ai pas vu un chat (ni une personne d’ailleurs) au centre d’accueil qui était fermé. Dommage. Depuis la côte j’ai pu observer quelques Puffins boréaux bien que je n’eusse pas emporté ma longue-vue mais le vol de cet oiseau est assez caractéristique pour être reconnu même aux jumelles. Pour ce qui est des rapaces, le Faucon crécerelle est omniprésent et j’ai aussi vu 1 Faucon crécerellette dans de très bonnes conditions. La sous-espèce locale de la Buse variable se comporte souvent comme la Buse pattue, faisant du vol sur place, même au-dessus de la mer (pas trop loin du rivage quand même !).

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Faucon crécerelle mâle (Photo Michel Belaud)

Quelques très rares limicoles de passage que je n’ai pas toujours pu déterminer à part le Tournepierre à collier parce qu’ils étaient trop loin de moi. J’ai eu la chance de voir passer une Bécasse des bois en vol sur le plateau, en plein brouillard. Il faut d’ailleurs savoir qu’à cette époque au moins, le temps est souvent très brumeux en altitude. J’ai cherché en vain le Pigeon trocaz dans les forêts de lauriers en altitude. Il ne doit pas être aussi facile à trouver que cela si l’on ne dispose pas de beaucoup de temps et si l’on ne part pas uniquement pour observer les oiseaux.  J’ai cru voir un Pigeon colombin très sombre, mais je crois savoir que cette espèce n’existe pas sur l’île. De plus, ce n’était pas dans le milieu usuel du trocaz et il y a pas mal de Pigeons bisets plus ou moins sauvages sur les falaises, alors, prudence … J’ai pu voir le Pipit de Berthelot très facilement car il n’est vraiment pas très farouche. Contrairement à ce qui est dit dans certains guides, on ne le trouve pas qu’en altitude. Je l’ai vu plusieurs fois sur une falaise en bord de mer. Je pensais qu’il serait très difficile à déterminer par rapport au Pipit farlouse, même si je ne suis pas sûr que cette espèce se trouve à Madère, mais en fait c’est assez facile de faire la distinction. Le Pipit de Berthelot est nettement plus gris et le cri est très différent. La Bergeronnette des ruisseaux est assez fréquente, y compris dans les villages. Les forêts d’eucalyptus sont pauvres en oiseaux car il paraît que les insectes restent collés à la sève produite par ces arbres. Ce manque d’insectes peut expliquer le peu d’attrait qu’exercent ces forêts sur nos amis de la gente ailée. Le Serin des Canaries chante presque partout et le Martinet unicolore est très fréquent.

Il est à noter qu’il y a de nombreuses sous-espèces sur l’île, comme le Pinson des arbres et c’est toujours un plaisir de voir comme les couleurs de certains oiseaux communs peuvent changer par rapport à ce qu’on peut voir chez soi. La Caille des blés est assez fréquente, même très proche des maisons, ou sur les falaises, ce qui m’a un peu surpris. Je ne connais pas le statut de cet oiseau et il est tout à fait possible qu’il s’agissait là de migrateurs. J’ai vu d’assez nombreux Rougegorges familiers et quelques autres espèces courantes. Il y a beaucoup de lézards également ainsi que des iules, du moins près des hôtels que je fréquentais.

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Rougegorge familier (Photo Gérard Joannès)

Évidemment, un séjour aussi court ne peut donner une idée précise de ce que l’on peut voir à Madère, mais cela peut donner à certains d’entre vous l’idée d’aller y faire un tour. Les gens sont très sympathiques, mais évitez d’aller vous faire arnaquer au marché couvert de Funchal !

Espèces observées :

01 Puffin cendré Calonectris borealis
02 Buse variable Buteo buteo
03 Faucon crécerelle Falco tinnunculus
04 Faucon crécerelette Falco naumanni
05 Caille des blés Coturnix coturnix
06 Tournepierre à collier Arenaria interpres
07 Bécasse des bois Scolopax rusticola
08 Goéland leucophée Larus michahellis
09 Sterne pierregarin Sterna hirundo
10 Pigeon biset Columba livia
11 Martinet unicolore Apus unicolor
12 Pipit de Berthelot Anthus berthelotii
13 Bergeronnette des ruisseaux Motacilla cinerea
14 Rougegorge familier Erithacus rubecula
15 Merle noir Turdus merula
16 Fauvette à tête noire Sylvia atricapilla
17 Roitelet à triple bandeau Regulus ignicapilla
18 Moineau espagnol Passer hispaniolensis
19 Pinson des arbres Fringilla coelebs
20 Serin des Canaries Serinus canaria
21 Chardonneret élégant Carduelis carduelis
22 Linotte mélodieuse Carduelis cannabina

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